mercredi 17 mars 2010

L'effet que tu me fais

Internaute,
ma brioche au praline,
je t'ouvre aujourd'hui mon cœur,
pour changer.

Il faut que je te dise ce que je ressens quand, plein d'innocence certains clients font certaines remarques.

lu récemment, entendu a peu près une fois par semaine.
Presque toujours pas des femmes.
Souvent par des mamans de lecteurs de mangas. Mais pas toujours.

"La BD, ça vaut pas un bon roman, c'est trop vite lu, trop léger. J'ai lu un Astérix ( Tamara/ Joe Bar Team/le guide du couple en BD/ une BD humour plus ou moins bonne) et c'était sympa, mais fini en 10 minutes. Alors qu'un roman on peut imaginer, on s'intéresse au personnages, non vraiment, le roman, c'est mieux".

Sais tu ce qui se passe dans ma tête à ce moment là?

Et bien c'est un peu comme si la personne avait des ongles trèèèèès longs et les faisaient criiiiiiisser lentement sur un tableau noir. Amplifié par porte voix directement posé contre mon oreille.
Et ça criiiiiiiiiiisssse.
Et . Ca. Criiiiiiiiiiiiiiiiiiisssssssse.

Sais tu que ce genre de sensation me fait bugguer?
Je bloc en générale en mode rictus.
Et que le " Mais tu vas la taire ta gueule! T'as lu 2 BD est tu t'improvises conférencier! Tu sais dire Ok et Good bye , ça veut pas dire que tu parles anglais couramment!" qui me brule les lèvres , je le contiens de justesse, mais ça alimente mon ulcère.

Mais bon, après je plonge mon regard farouche et ténébreux de fille cruelle dans celui de celle qui a proféré ces insanités et je n'y lis, 99% du temps, qu'une ineffable candeur.
Alors, vu que j'ai un petit coté divin, je me dit "pardonne lui, elle ne sait pas ce qu'elle dit". Et je lâche l'affaire.



Il y a un autre type qui m'énerve.
Celui qui dit qu'il n'y connait rien "sauf".
C'est le sauf, bien sur qui est important.
Parce qu'à ce moment là, mon bonhomme commence un inventaire à la Prévert, riche de références en béton.
Exemple:

"Je n'y connais rien du tout en BD. Bon sauf Corto maltese ,j'aime beaucoup Pratt, et puis aussi Bilal, mais c'est un peu obligatoire, et puis Tardi bien sur, je trouve aussi que Stassen sait vraiment créer une ambiance. En américain, j'aime bien Crumb aussi, mais plus dans sa période psychédélique, et puis Charles Burns et Daniel Clowes. j'ai adoré le Shawn Tan, vous savez, celui qui a été primé à Angoulême il y a 3 ans".

Et là tu crois que c'est fini.

Tu as tort.

Le salaud prépare son coup de grâce:

"Oh! Il a de la nouveauté Urasawa!"

Je te le dis, internaute, personne ne tient ce genre de discours sans avoir une grosse envie de tailler le bout de gras sur le monde merveilleux de la bd.
Et surtout pas à moi, qui ai une furieuse tendance à tenir la jambe et à la tenir bien serrée dans ces cas là.
Je me demande souvent à quoi sert toute cette fausse modestie? A étaler sa grande culture peut être?

Après internaute, tu peux dire ce que tu veux à ton libraire BD.
Il est entrainé à supporter les énormités et les concours de cultures, tu penses bien.

Pour conclure, je citerai un brave, un ninja surentrainé, combattant pour la reconnaissance de la BD, qui se prenant une de ces innombrables vacheries, a su réagir avec un esprit d'à propos que je lui envie, mais revivons cette situation, à classer dans les annales.

Une maman bien intentionnée:
"- Quand même, vous reconnaitrez, c'est pas de la littérature"
et mon ami, qui l'ai je déjà dit? est un brave, de répondre:
"- Ah, tout à fait madame, ce n'est pas de la littérature, c'est un art à part entière"

Gloire!

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