jeudi 21 janvier 2010

Mon Prince est très demandé.

Internaute, réjouis toi, car je vais te reparler de ma librairie bien aimée.

Ou plutôt de ce qu'il s'y passe quand j'y suis et mon Prince pas.

Ca arrive parfois. Le Prince a une course à faire, une pneumonie, un gros coup de barre (bref des trucs de Prince), et bien je le remplace dans la boutique. Je suis une libraire en vrai, donc les clients n'y perdent pas aux changes.

Sauf que...

Tous les clients aiment le Prince.
Le Prince est leur guide, leur lumière, la joie de leur journée. Le Prince est AI ME!
Le Prince est une ROCKSTAR!

Donc, quand c'est moi dans la boutique, plutôt que le Prince, ça donne ça:

"Il est où?"
"Il est où?"
"Il est où?"

Et avant que j'ai pu dire " il est à l'article de la mort , avec 40° de fièvre, parti chercher mon cadeau d'anniversaire et en rendez-vous chez le comptable", mon Prince s'en prend plein la gueule.

"Ah le feignant!"
"Il est pas malade c'est du chiqué"
"Toujours un moyen de se la couler douce"
" Il dit ça, mais il doit être parti bouquiner dans un coin"

Attendu que je dois employer un pied de biche pour que mon Prince quitte son comptoir, (quelque soit la cause, je suis parfois obligée de me fâcher toute rouge pour qu'il me lâche les clefs et aille prendre un Efferalgan) je les trouve un peu dur.

Mais c'est surtout assez lassant de répondre, chaque fois que quelqu'un rentre:

"Bonjour! Non, il n'est pas là."
"Bonjour! Non il n'est pas là".
ou variante

"Bonjour! Il revient bientôt!"
(Attention cette variante n'est possible que s'il revient vraiment bientôt. Sinon, c'est des coups à déclencher une émeute.)

Et tout ça avec le sourire!

Par contre je reconnais que quand ce sont des jeunes femmes pulpeuses aux yeux de braises, aux jupes courtes et aux long cheveux ondoyants, je réponds plutôt:

"Ah je suis désolée, mais le Prince est parti voir son amoureux, on va pas le revoir aujourd'hui..."

Bah quoi?

Il est à moi le Prince, je le prête pas.

Florilège

L'auras tu perçu, internaute, mon rayon de soleil?

Mes collègues ne sont pas toujours des mégas flèches.
Et donc, ils parlent. En ma présence. ils affirment des trucs tellement ahurissants , des trucs que tu croyais que c'était comme les dinosaures: seul les scientifiques fous pouvaient encore en produire.
florilège:

"J'ai une amie rousse, et ben elle a des problèmes d'odeur corporelle"
(admire comme le politiquement correct a lissé "les roux puent".)

"Mais c'est prouvé scientifiquement que les noirs sentent plus forts"
( J'avais commencé à dire que là, non, ça suffit les conneries, les noirs ne sentent pas plus fort que toi et moi, donc argument massue: la science!)

" J'ai vu sur internet que le vaccin contre la grippe c'est un poison pour tuer tout le monde"
( Et après on se demande pourquoi la campagne de vaccination n'a pas rencontré le succès escompté)

A propos des voitures de fonction:
"- tu l'as testée un peu?
- ouais j'ai fait péter un petit 230 km/heure sur autoroute, elle artille pas mal."
les mêmes, un peu plus tard
"taain, mais les radars, c'est vraiment pour te piquer ton blé!
- ouais, dès 51 KM/h tu te fais allumer!"

Suuuuuuur les mecs, je vous vois bien à 50 km/h en ville après avoir roulé à 230...

A une copine musulmane qui offrait un pot à midi:
"Y a pas de saucisson?"
"Y a pas d'alcool?"

Après une conversation sur les transsexuels ( je sais, terrain super glissant, mais un client est devenu une cliente alors forcément...)

" En fait, c'est ça les homosexuels, des femmes dans des corps d'homme!"
( Bah oui tu comprends, déjà les femmes homo, ça n'existe pas, et les homo hommes, c'est tous des folles avides de pénétration)

Et enfin, ma préféré, parce qu'elle est récurrente:
"Je peux pas me servir d'un fer à repasser: j'ai pas le permis!"

Et si le reste est dit avec beaucoup de sérieux, ça, ça les fait rire.




Heureusement pour le reste du monde que je n'ai pas le permis de tuer.

Je sais bien que ça ne mérite pas la mort.
Sinon, j'y passerai probablement aussi, j'en dis aussi des énormités.


Mais

Putain,


TOUS LES JOURS!


" hé, méchante libraire! tu viens faire ma vaisselle?
- pourquoi?
- Parce que t'es une fille, les filles ça fait la vaisselle"

Je vous jure que j'ai décalé mon heure de déjeuner pour plus entendre celle là.

mercredi 20 janvier 2010

Le retour des espions.

Internaute, ma clarinette, mon fifre, mon binioux, tu vas pas le croire.

Dans ma boite où je travaille pour gagner des sous, il n'y a pas un espion psychopathe fan de moi, il y en a plusieurs...

Pour t'expliquer cela , je vais devoir te faire la description de mes chaussures de fiiiiiiilles.

J'ai une vraie paire de chaussure de modeuse, un truc de malade, avec des bouts pointues et des rayures! Attention, des rayures trop classes, bleues marine et blanches, le top de l'élégance, sur des petit talons trop chouchou, des chaussures comme ça, internaute, t'en vois que sur les podiums. (j'exagère à peine).

Alors bon, c'était l'été, et je venais de me les offrir, et je les portais tous les jours.
C'était trop la classe, trop le bonheur, je me PA-VA-NAIS.

Lundi chaussure trop classe, mardi chaussure trop classe mercredi... enfin tu as compris.
Sauf que Mercredi, il y avait mon top trooooop joli. A poids. Que je voulais mettre.
Je me dis, bon, entre mon top et ses poids et mes chaussure à rayures, il y a 1 mètre de jambe (ouais, je sais, je suis suuuuper grande, Adriana Karembeu, c'est moi, avec moins de lêvres quand même) Ca devrait passer.
Et le miroir me dit que ouais, ça passe.

Et puis, vient le vendredi, il fait 30°, je vais pouvoir mettre ma robe de princesse de l'été. Ma robe à poids. ( Oui, j'aime les poids oui, je trouve ça joli). Je remise donc mes chaussures de mannequins au placard et sort mes pompes de pin up, parfaitement assorties à ma robe. ( Je te l'avais dit Internaute, et tu me croyais pas, mais je suis une fashion victime!)

Et donc, j'arrive au travail et je me pavane. Je n'ai plus mes chaussures, mais la robe remplace bien.

Tu crois que je l'ai cherché internaute? Que j'ai trop paradé?

Un collègue note
"Tiens, t'as changé de chaussures?
- Oui, je répond ingénuement, les rayures et les poids j'ai pas osé.
- Ah si! T'as osé cette semaine."

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Depuis, je fais super gaffe le matin, parce que je SAIS qu'un espèce de taré sociopathe du KGB note les fringues que je mets et évalue mon style CHAQUE JOUR.

Les Espions

En fait si ce blog est anonyme c'est parce que je travaille pour la CIA.

Naaaaaaaaaaan, c'est pas vrai.
Tu y as pas cru quand même, internaute mon bichon?

Mais il n'empêche que je bosse quand même avec des espions.

Exemple:
Lundi matin, tout est calme à la machine à café, on raconte son week-end, les ignobles blagues machistes fusent, nous autres, femelles, gloussons poliment, rien ne laisse présager que Big Brother va se manifester.
on m'interpelle.
"T'as fait quoi dimanche matin?"Justifier
Ha , si, en fait Big brother était pas loin.
Comme j'ai un coté exhibitionniste et que je suis une gentille fille je réponds
"Ben, je me suis levée à 11 heures, j'ai regardé les dessins animés et j'ai pris mon petit déjeuner."
( Tu remarqueras, internaute, que ma vie est tout à fait fascinante, comme dirait l'autre.)
Et ben, pas lassé on me relance:
"Oui mais après?"
( De quoi je me mêle?)
Je suis toujours polie, il est tout sourire, il doit avoir une blague à faire. Je suis toujours un peu exhibitionniste.
"Ben après je me suis douchée et heueue, j'ai fait une sieste et après j'ai lu des BD et j'ai fait un gouter " ( comment j'ai trop des dimanches de ouf. Comment David Guetta rêve d'avoir les mêmes)

"- Attends il est quel heure là?
- Je prends mon gouter vers 4heures et demi je dirais
- T'as pas oublié quelque chose? Dimanche matin?"

( Je vais quand même pas lui dire que j'ai verni les ongles de pied de mon Prince pendant son sommeil? même si c'est vrai, c'est ma vie privée quand même!)

Je réponds donc, pleine d'aplomb
"Non, j'oublie rien.
- Et si! T'as été chez PICARD!"

En effet, je suis contre le travail le dimanche, surtout pour moi, mais vu que mon frigo est trèèèèès souvent désertique le samedi soir, et que je m'en rend compte vers 21heures, ben je mets mes convictions de coté et je me traine lamentablement chez le marchand de surgelé le dimanche matin, avant même mon sacro saint petit déjeuner. Ma journée commence par mon petit déjeuner, tout ce qui se passe avant est donc nul et non avenue.

Ma réaction ne se fait pas attendre, je lance donc un pénétrant:
"Et donc?
- Je t'ai vu! ( il m'est difficile de vous dépeindre justement la joie ineffable sur le visage du bonhomme, si je lui fait cet effet là à chaque fois qu'il me voit le dimanche, j'ai intérêt à fonder une religion dare dare.)
- Et tu m'as fait signe? Et je ne t'ai pas entendu? Excuse moi j'étais un peu distraite, le dimanche j'ai un peu de mal.
- Non non, je t'ai vu, mais je t'ai pas fait signe, tu partais. Mais t'étais chez PICARD!"
Le type était transfiguré.

Je te jure que Picard c'est des surgelés, pas un club échangistes ou une secte quelconque, un magasin de surgelé ouvert le dimanche matin.

Voilà, donc, je suis surveillée.

Tu ne devineras jamais comment cette histoire se termine, internaute, mon ami , mon frère.

Le copain de l'espion qui avait assité à toute la conversation en silence me lance:

" tu te lêves à 11 heures le dimanche? Fais pas d'enfant, tu tiendras pas le coup".

raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa!!!!

mercredi 13 janvier 2010

Adendum

Relativement au poste sur les délires natalistes de mes collègues.
Je ne déteste pas les enfants.
Et même, un jour, peut être, j'en aurais.
Je ne juge pas les gens qui n'en ont pas ou qui n'en veulent pas.
Je ne juge pas les gens qui en ont.
Chacun sa vie ( pour ne pas dire chacun sa merde)

Mais la prochaine fois qu'il y en a un qui me demande quand je fais mon bébé, je le passe au lance flamme.

Note pour plus tard: acheter un lance flamme.

Mes coachs

Je suis chroniqueuse télé.

Bon, c'est une télé locale et sympathique, où je fais ma chronique BD une fois par mois, bénévolement et avec enthousiasme. Mais c'est surtout une télé hertzienne, c'est à dire que tout le monde dans ma jolie ville (et même à quelques kilomètres à la ronde) peut voir la super émission où chaque mois je parle des albums qui m'ont plus pendant 2 minutes et 30 secondes, 3 minutes les jours de fête.

Donc, qui voit l'émission?
Tout le monde, n'importe qui, des gens que j'aime bien, que je connais, que je ne connais pas et qui me disent bonjour dans la rue ( ouaaaa, la gloire.)
Et surtout, mes collègues de travail. Mon autre travail.
Qui pensent que les professionnels de la télé ne me donnent aucun conseil.
Et donc, en tant que mes collègues de travail, ils me donnent des conseils.

exemple:
"-Je t'ai vu hier soir, t'as touché ton nez"
"- Heu, probablement."
"- Ca fait pas sérieux"
"- Hum, heu, merci?"

"- C'est bien, tu es dynamiques, tu bouges beaucoup"
"- Oui, je fais ça, oui oui."
"-Tu devrais bouger moins"
"- je tacherai de m'en souvenir".

Jamais un commentaire sur ce que j'ai chroniqué,
aucun souvenir des titres,
et la certitude absolue que je présente des titres pour enfant.

exemple

"- Alors tu aimes bien ton petit chien?
- Quel petit chien?
- Celui dont tu as parlé hier à la télé
-...( je cherche à quoi il fait référence, et là fiat lux!) Tu parles du Chat! Le chat du rabbin! La fable de Sfar sur les religions dans l'Algérie des années 20 ou 30!
- Ouais, ton histoire de petit chat tout mignon.
-..."

Ce jour là, j'ai abandonné. Pendant près d'une semaine, le mec m'a demandé tout les jours des nouvelles de "mon petit chat". Comme ce n'est pas un de ceux qui fait des grosses blagues salaces, j'ai considéré qu'il me prenait juste pour une débile fan de chat.
Et que les 30 secondes où j'ai parlé "conte mystique" "tolérance" et "philosophie" lui sont littéralement passées au travers du crâne.

Mais j'affirme qu'à mon prochain passage mes coachs auront trouvé un nouvel axe de réflexion sur ma façon de bouger ou de me gratter le nez.

Après, le plus beau, c'est que bien sur, je ne suis pas une animatrice télé née et que j'ai un énorme défaut rédhibitoire. Que les gars de la régie me demandent de corriger.

Je me mate dans les mini écrans.

Je me regarde passer à la télé au moment où je passe à la télé. Je ne regarde pas l'animateur dans les yeux, je ne m'adresse à personne, sinon à moi même. Le nez baissé, occupée à me contempler. J'ai beaucoup de mal à ne pas surveiller mes pauses , mes attitudes et comment mes cheveux rendent à la lumière des spots.

Ca c'est un vrai défaut, sur lequel je travaille depuis longtemps. Je me place même loin des écrans, pour ne pas les avoir dans mon champs de vision.

Et tu sais quoi, internaute mon bichon?
Mes coachs, si avisés, ne s'en sont JAMAIS rendus compte.

Le métier de libraire


Quand on devient libraire BD, on intègre des codes et des concepts qu'on ignorait jusque là.
Tout un tas de connaissance ultra pointues qui ne peuvent pas si facilement être ressorties dans un diner mondain, ou au contraire qui peuvent permettre de sa la péter graaaave en société.

Les trucs de la loose.

Quand quelqu'un parle des héros de la Marvel et parle ensuite de Batman, je lève un sourcil et je fait "Ah non, Batman, c'est pas Marvel, Batman, c'est DC."
(Et encore, mon interlocuteur a du bol si je ne lui fait pas un cours sur l'homme chauve souris depuis 1939 à nos jours, avec date de la première apparition d'Alfred et la névrose du super héros masqué. Je suis un tout petit peu maniaque!)

Je fais la différence entre Boys'love et Yaohi. ( Y en a avec de la fesse et pas l'autre).

Quand j'ai appris qu'il y avait une Bd "geeks and girly" il a fallut que je me la procure tout de suite, de même pour "Otaku girl"

Je hurle devant ma télé quand je vois une série ou film pourrave adapté (massacré) d'une BD dont je ne suis pas fan fan. ( Au hasard Largo Winch ou XIII).

Je sais dire cerisier, renard, lapin, neige, futur, fraise et tout un tas d'autre mots parfaitement inutile en japonais. Ca ne me servira jamais à rien. Si je vais au Japon un jour il vaut mieux que j'apprenne à demander "je ne parle pas le japonais" "Où sont les toilettes?" "à gauche"et "à droite" ( pour comprendre la réponse à la question sur les toilettes.)

Mais il ya aussi des trucs cools. Des trucs valorisants.

Utiliser un jargon de brute, savoir ce qu'est:
Un gegika,
Une uchronie ou un What If,
Une ambiance Steam Punk,
Un One Shot,
Une preuve par 3 (et pas l'opération mathématique)

Savoir ce qu'est un bento et en avoir eu envie bieeeeeen avant les fashionistas. Bon, après, pour que je puisse m'en procurer il a fallut attendre que ce soit mode et par conséquent parce que j'ai pas de potes qui font des voyages réguliers au japon (à mon grand regret).

Pouvoir affirmer droite dans mes bottes que "il n'y a pas tant d'histoires que ça" et que "Tout a déjà été écrit" , je sais , ça fait snob, mais au bout d'un moment, on finit par le penser vraiment. Et surtout par être crue, parce que si je peux affirmer ce genre de chose, c'est que le pense. Ce qui me mène à un autre truc cool.

Quand, le dimanche, je n'ai lu que 5 albums et 3 mangas, je me sens frustrée. J'ai pas lu assez. Mais ça n'arrive pas très souvent.

Ah oui et je sais qu'on peut dire un ou une manga. Au choix.

Bref, être libraire rend maniac, chipoteur, pinailleur, snob apporte des connaissances inutiles, remplis le cerveau d'histoires.

En un mot,

le métier de libraire rend fou.

Croyez moi

Un libraire sain d'esprit, ça n'existe pas.

Si le votre a l'air normal,

un seul conseil

Fuyez!

mercredi 6 janvier 2010

J'ai dit NON!

Ce jour là, je suis à mon travail.
Et j'ai plus de pull à col roulé, plus de pull à col en V, tout est sale, dans le lave linge ou pas sec.
Reste le décolleté.

Pas le choix, Je ne peux pas aller au taf (mon autre taf) avec mon tee shirt DBZ, tant pis, décolleté.

Je savais que c'était dangereux.
Que ma précédente expérience m'avait donner envie de tronçonner tout le monde...
Mais j'étais au pied du mur.


Et ça n'a pas loupé.

A la pause café, on se dit bonjour, comment ça va, les gars de l'usine font des vannes ignobles/machos/ stupides ( choisis ta préféré internaute, mon divin lecteur), les filles de l'administration gloussent comme si elles étaient drôles et nous vivons en bonne harmonie.

Mais aujourd'hui, je pigeonne. On voit des courbes mammaires sur la partie supérieure de mon buste (tu auras compris l'idée, internaute mon biquet).
et là, la question tombe.

"T'es enceinte?"
Silence de mort.
De ma réponse dépend le bonheur de toute l'entreprise.
"Non".
Immense déception, plus personne ne sourit.Pire que le plan de licenciement Je ne suis pas enceinte.
Mais les gens de ma boite (homme et femmes) ne se laisse pas décourager facilement.
J'ai des seins, on les voit, donc je suis enceinte, et immanquablement s'ensuit l'affirmation de l'évidence:
" maaiiis si t'as pris des seins, t'es enceinte"
"je ne suis pas enceinte"
"mais peut être tu le sais pas" ( et là c'est l'euphorie, tout le monde s'y met)

"Oh ouais, ce soir t'achète un test de grossesse!" "pourquoi attendre ce soir? On va à la pharmacie à la pause de midi!" " je me disais aussi que t'avais pris des seins" "Ca fait combien de temps que t'as arrêter la pilule?" "Tu voulais pas nous le dire cachottière!" "J'avais remarquer que t'avais pris des cuisses" "Et ton mec il en pense quoi? il est content?" " Tu parles, il doit pas être au courant"

Tu noteras , internaute mon ami, que je n'ai pas eu le temps d'en placer une. Et que mes collègues, hommes et femmes confondus ont une haute opinion de moi. Et se mêlent allègrement de ma vie privé aussi.

Donc le joyeux chahut continu "c'est vrai qu'il était temps" "ouais tic tac ma vieille, il faut pas trop attendre" " Tu as réfléchi à qui allait pouvoir te remplacer?"
et là c'est le drame, je lache le pavé dans la mare.

"Je ne suis pas enceinte, (rires amusées, je suis dans le déni)
et je prends toujours la pilule, (rires génés, un affreux dit que la pilule ça marche pas à tous les coups)
Si j'ai pris des seins et des cuisses c'est parce que j'ai grossi parce que j'ai grave abusé pendant les fêtes" (déluge de vannes sur les femmes qui sont grosses que je t'épargne, internaute mon bichon, parce que ça ne sert pas mon propos).

On se désintèresse de moi:
je ne suis pas enceinte,
je ne vais vomir sur personne,
ni laisser une place vacante pendant 6 mois.

Un des gars, un peu plus sympathique, mais tout aussi lourdement nataliste vient me parler ( il doit me prendre en pitié, il m'a imaginé, enceinte, puis maman, puis finalement je ne suis pas enceinte: à ses yeux j'ai fait une fausse couche express).
"Alors t'es pas enceinte en fait?"
"Bah non, tu vois."
" Mais tu vas en faire un bientôt , tu sais qu'on n'a pas toute la vie"

Sur ce coup là je me renfrogne, il y a pas si longtemps j'avais 25 ans.

"Ouais, j'ai encore bien de la marge quand même, et puis je..."
"C'est bizarre quand même que tu ne veuilles pas d'enfant". ( En fait il s'en fout que je préfère être en CDI pour faire un bébé, ou avoir plus qu'un T1 bis, il s'en tape que la situation de mon Prince soit un peu fatigante pour le moment et que, en fait, ben, un bébé, là ,maintenant, tout de suite, ce serait juste une putain de catastrophe).

Et là, je pète un cable.

"OUAIS, mais les enfants c'est nul,
ça pleure la nuit,
ça te pique tout ton blé,
ça détruit un couple sur 2,
ça bave,
ça pue,
tu peux plus sortir,
tu peux plus boire,
tu peux plus avoir de meubles avec des coins,
tu dois planquer les cacahuètes,
et tes jolies fringues sentent le vomi."

Mon pauvre collègue est tout vert. Il me prend pour une folle ou pire pour une fille qui ne veut pas d'enfant. Je suis, à ses yeux, une aberration de la nature. Un monstre qui ne mérite pas le nom d'être humain. Il sait qu'avec des "tu verras c'est merveilleux" il ne me feras pas changer d'avis. (En plus des "tu verras c'est merveilleux" de la part d'un type qui se vante de ne pas savoir utiliser fer à repasser et machine à laver...je suis sure qu'il ignore totalement dans quel sens ça se met, une couche).

En voilà au moins un qui ne me prendra plus la tête avec ça.


Après avoir semé la terreur, je retourne vers mon bureau, en faisant un crochet par le bureau de ma pote la comptable que c'est trop une fille cool et c'est pour ça que c'est ma pote.

"Ca va?" elle me fait

"Ouais, je me suis fait prendre la tête à la machine à café, mais ça va, j'ai géré, maintenant tout le monde me prends pour une folle. Ils sont super lourds franchement."

"Oh dis donc , t'es ronchon toi, tu serais pas enceinte des fois?"

"...."
Mais à part ça, c'est ma pote.

C'est pas sa faute.

J'avais un décolleté. Ca induit en erreur.