mercredi 16 décembre 2009

à la recherche de la bibliothécaire perdue

Je sais pas toi internaute, mais moi je viens d'un bled relativement petit avec une jolie bibliothèque sympathique et des bibliothécaires complètement nulles.
Tu voulais un truc qui fait peur, elles te proposaient Black Beauty, tu voulais un truc qui se lise vite elle te sortait les 4 filles du docteur Marsh ou les malheurs de Sophie, quand toi tout ce que tu voulais, comme aujourd'hui, c'était des trucs pas trop classique, pas trop larmoyant , et si possible agréable à lire. Elles se gourraient à tout les coups, t'interdisaient d'approcher les livres d'images dès que tu avais 8 ans ( parce que quand on sait lire on n'a plus le droit d'être sensible aux belles illustrations) , Et quand enfin elles te proposaient le fantôme de Baskerville, c'était trop tard t'avais 16 ans, et tu l'avais lu déjà 5 ans plus tôt.

Et fallait voir leur tête quand tu passais au comptoir avec des bédés. Black et mortimer ou Clifton, dans la BD, point de salut et ces garces regardaient ma mère avec pitié parce que j'étais "la petite qui lisait des BD".

Un jour en douce je m'étais faufilée chez les adultes. J'étais tombée sur le Dernier loup d'Oz, et la Ballade au bout du monde, et le grand pouvoir du Chinkel.C'était aussi dans bac anonyme planqué à l'écart, mais ça existait. Quelqu'un dans cette bibliothèque achetait ces livres géniaux, et devait, j'imagine être montré du doigt et offert en sacrifice à la vindicte publique. Donc je n'étais pas la seule martyre de la bibliothèque.

Le temps a passé (oui je sais c'est un cliché).
Je suis grande maintenant ( encore heureux, si le temps a passé).
et j'ai une librairie BD, donc j'incarne le dévoiement absolu: l'amour des livres, mais des livres de crétins, la bédé, ce truc pour ados mâles et boutonneux.


Personne n'étant exempt de défaut, j'étais, quand j'ai ouvert ma librairie, confite de certitude. L'une d'entre elle étant: "les bibliothécaires, ces gens qui ne lisent pas de BD et qui vont me mépriser copieusement".

OOOOOOOOh. Comme je me trompais.

Quand les premiers d'entre eux sont arrivés, d'abord je ne les ai pas reconnu. Déjà, ils étaient jeunes. Il n'y avait pas que des filles. Ils avaient vraiment l'air contents d'être là. Et ils avaient lus des bédés.

Quelle ne fut pas ma surprise, quand j'eu avec eux une super discussion sur le manga! Et pas juste du respect pour Akira Toryama et Tezuka. Naaaaaaaan, ils avaient lu Otomo, ils avaient lu Mizuki, et ils n'avaient pas peur de Inoué.

On aurait pu croire que mes a priori allaient se tasser suite à cette rencontre. Et on aurait eu raison. De toute façon, après la première commande ( avec des belles BD d'auteurs, mais des choses grands public de qualité aussi, et des trucs de ouf que même moi j'ose pas forcément prendre dans ma boutique) le doute n'était plus possible.
Ces gens là connaissaient et aimaient la BD.

Et l'expérience s'est réitérée.
Des petites bibliothèques de campagne, des grande bibliothèques de villes, des médiathèques de tailles moyennes du périurbain. TOUS les bilbiothécaires étaient calés un minimum, ou au moins assez open pour nous faire confiance à mon prince et à moi.


Ce truc de malade.


Et alors, sourdement, j'ai ressenti comme un vide. Qu'étaient devenues mes vieilles biques revèches? Alors il n'y avait plus besoin de lutter et se galérer pour lire de la BD? Il n'y avait plus à triompher du dragon de la bibliothèque? Et donc, dans tant de bonheur, une ombre planait sur mon coeur. Les succubes de l'enfer étaient parties, il n'y avaient plus de monstres à terrasser.

Et puis elles sont arrivées. Elles pensaient que le manga, dans sa globalité, était juste un fameux gachis de papier. Elles pensaient que le fin du fin dans un rayon BD jeunesse c'était l'agent 212. Que le Chat était la quintessence de la BD. Et que bon, c'était un sous genre mais on pouvait au moins prendre une ou deux BD policière.

J'en aurais pleuré! C'était trop de bonheur!
Alors, ce jours là, j'ai baissé mon heaume, empaumé ma lance et suis partie au combat, prète à pourfendre le dragon, à abattre la bête. Il fallait garder l'espoir car il y avait encore des challenges, des montagnes à franchir, le temps des héros n'est pas terminé!

Et en plus, j'ai réussie à leur placer des 20th century boys...Pas peu fière.

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